APSYS, un groupe au cœur de l’innovation

 

C’est donc Maurice Bansay PDG fondateur d’Apsys et nous a rejoints Rodolphe Bonnasse, PDG de CACom. Bonjour Rodolphe.

 

RB : Bonjour Karine !

 

K : Alors Maurice Bansay, concepteur et promoteur immobilier dans le domaine commercial, en vingt ans Apsys a conçu 31 centres commerciaux dont 7 en France, par exemple Paris Beaugrenelle, Vill Up. Et il y a quelques semaines, vous avez inauguré Muse à Metz, c’est 40.000 m² de commerce et 40.000 m² de bureaux logements et services. Et vous avez présenté le futur quartier mixte de Bordeaux Saint-Jean, peut-on encore dire que vous créez des centres commerciaux chez Apsys ?

 

MB : En fait, je crois qu’effectivement vous posez la bonne question. Notre métier est impacté comme tout les métiers par les nouvelles technologies, et puis la mutation de société à laquelle nous sommes tous en train de vivre. Donc, il faut qu’on se remette en cause. Je trouve que le titre de votre émission caractérise parfaitement bien le cœur de tout dispositif de notre métier, c’est qu’il faut innover, il faut être créatif, il faut changer de modèle et que la particularité d’Apsys a été dès le départ, depuis très longtemps de privilégier les opérations mixtes en centre-ville à l’image de ce que nous avons inauguré récemment à Metz, l’opération Muse qui est en face du centre Pompidou et qui est la locomotive de 80000 m² dans plein centre-ville.

 

K : Alors si on donne deux ou trois exemples, parce qu’il y a beaucoup de choses mais deux ou trois petites choses qui font que ça se distingue d’autres centres commerciaux à Metz.

 

MB : Je pense que la première chose, c’est que nous sommes dans la ville et que nous créons une mixité de fonction, qui est très important .

La deuxième chose, c’est que nous sommes très attachés à créer des lieux emblématiques sur le plan architectural, sur le plan de la dynamique commerciale, sur le plan de l’animation.

 

K : L’art aussi qui rentre beaucoup dans le centre commercial

 

MB : L’art qui est bien évidemment présent dans tous nos projets depuis longtemps et qui à Metz, se justifie encore plus que nous sommes en face du centre Pompidou. Créer en fait une relation émotionnelle avec le consommateur. C’est ça le véritable enjeu et donc créer tout un écosystème permettant de créer cette dynamique.

 

RB : Mais la question qu’on se pose c’est comment vous faites, parce que vous en avez ouvert beaucoup comme le disait Karine, et on sait que ça prend du temps. C’est-à-dire Vous les avez commencés à quelle date ces centres qu’on voit s’ouvrir ? Ils ont démarré quand ?

 

MB : Ecoutez ! L’opération de Metz a commencé en 2006, nous avons gagné une consultation à l’époque, et puis il y a eu la crise financière de 2008 qui a stoppée le développement de ce projet, puis on n’a jamais été découragé. On est très déterminé dans notre entreprise, mes collaborateurs et moi-même.

 

k:    Comment on fait pour rester à la pointe quand le projet met 5 à 20 ans à certains notaires ?

 

MB : On se remet en cause tout le temps. La grande difficulté du métier, c’est qu’on fait un métier à cycle long lié à toutes les difficultés qu’on peut rencontrer, elles sont nombreuses et variées, et pour autant, il faut en permanence réactualisé. C’est pour ça qu’on a créé en interne un outil qu’on appelait le Lab, qui est un outil qui regroupe un certain nombre de compétences à l’intérieur de l’entreprise en France et en Pologne où nous sommes présents. Et l’objectif de ce Lab, c’est que des jeunes collaborateurs passent leur temps à voyager pour aller nous sourcer toutes les innovations qui peuvent exister en matière de commerce.

 

K : Et les enseignes aussi, ça, ça bouge énormément. On ne se déplace plus  pour les mêmes enseignes. Aujourd’hui par exemple, à Metz, c’est Primark. Et en plus, Primark, elle ne va pas arriver tout de suite, elle va arriver au printemps. Vous leur avez vendu Primark, ça n’arrive pas tout de suite. Comment vous faites ?      

 

MB : Ecoutez ! Je crois qu’on propose des produits innovants, des produits avec une façon différente si vous voulez de développer l’expérience client de nos centres commerciaux. Les enseignes sont parfaitement au cœur des mêmes préoccupations et elles connaissent bien les attentes des clients. Et elles considèrent que les produits qu’on propose sont parfaitement adaptés. Le positionnement, on a connu pendant des décennies le produit classique, basique, hypermarché de périphérie avec sa galerie marchande où on poussait le cadi. Je crois que ce produit qui a été très successful pendant des décennies, aujourd’hui les consommateurs veulent autres choses. Et ce que nous proposons, c’est une expérience client, un parcours client.

 

K : Avec quelles enseignes ? Quelles sont les enseignes ?

 

MB : Les enseignes, principalement de mode, qui sont du type Primark qui fait déplacer des foules, ou des enseignes de décoration de la maison, des enseignes liées au design, au loisir, des cinémas, des restaurants.

 

K : C’est ça qui est dingue aussi parce que vous les hauts Asiers, vous y allez carrément à Vill’Up où là, on peut sauter, ce n’est pas un saut en parachute mais un saut en lévitation, un saut en apesanteur. Jusqu’où vous pouvez aller ? Parce que, quand on regarde le projet de Bordeaux Saint Jean ou d’autres projets futurs, carrément vous alliez, vous faites monter les loisirs à un niveau où finalement le toit va devenir un terrain de foot ou que sais-je.

 

MB : Je crois qu’en fait, il faut réinventer la ville et l’opération Bordeaux est un bel exemple si vous voulez, de la création, je pense, d’un idéal urbain.

Vous êtes à la gare de Bordeaux. La ville de Bordeaux a connu une mutation, une requalification extraordinaire sans précédent depuis ces dernières années sous l’impulsion de son maire. Il y a eu toute la requalification des quais, le classement au patrimoine mondial de l’UNESCO. Et puis, quand vous sortez de la gare Saint-Jean, vous êtes sur le parvis et vous avez un décalage entre l’image que vous faites de Bordeaux et ce que vous avez en face de vous.

K : Qu’est-ce que vous allez y faire alors ?

 

MB : L’idée, c’est que nous avons décidé de deux axes très importants, très fort sur le plan urbain. Le premier, c’est la création d’une rue piétonne de 600 m de long, qui va partir du parvis de la gare jusqu’à la Garonne qui est entièrement réservée aux piétons et aux vélos, et de part et d’autre de cette rue piétonne, vous allez avoir un ensemble d’immobiliers mixtes, là aussi, avec des logements, des bureaux, mais également une offre commerciale avec des terrasses de café, des restaurants, des bars. Et sur les quais, deuxième démarche très forte, un bâtiment paysage qui va finir l’aménagement des quais de Bordeaux et qui va être désiné ainsi au sport, à la santé, au bien-être, sous la signature d’un très grand architecte qui est la maison Edouard François.

 

K : Mais ça signifie aujourd’hui qu’on confie l’aménagement de certains quartiers à des foncières qui s’occupaient jusque-là des centres commerciaux. C’est le commerce qui va habiller les villes et qui va construire les villes.

 

MB : Je pense que la démarche me parait très pertinente et très positive. En fait, c’est un partenariat public privé, gagnant-gagnant si vous me permettez l’expression.  Les collectivités ont toutes les difficultés financières que vous connaissez. Il faut qu’elles gèrent au mieux  leur recette publique sans augmenter la pression fiscale et pour autant la ville a besoin d’un réaménagement de qualité. Et confier ça à des privés, c’est pertinent et intelligent, parce que d’autres privés, une foncière comme la nôtre, on s’inscrit sur une durée très longue. Et donc, on va créer un projet extrêmement qualitatif où la pierre fameuse à Bordeaux reste omniprésente avec une architecture de très grande qualité, et cet investissement est porté par une entreprise privée.

 

RB : Et à chaque fois, ce sont des appels d’offre, à chaque fois, tous ces projets sont liés à des appels d’offre ?

 

MB : Tous les projets sont des appels d’offres à l’exception de celui de Bordeaux. Nous avons le bénéfice de travailler à l’intérieur de ce qu’on appelle une OIN (Opération d’Intérêt National) avec un établissement publique qui a été créé spécifiquement pour développer plus de 700 ha autours de la gare de Bordeaux, sur les communes de Bordeaux de Florac et de Bègles. Et donc, cet établissement public qui est le bras armé de l’Etat, nous a interrogé après une visite de Beaugrenelle, nous a interrogé sur l’idée qu’on pouvait se faire d’un projet urbain qualitatif et commercial à Bordeaux. Et nous lui avons proposé ce projet. Et ce projet a fait l’unanimité auprès de tous les interlocuteurs, que ce soit la ville de Bordeaux, la communauté urbaine ou le conseil régional.

 

K : 450 million d’euros d’investissement, ça sera prêt quand ?

 

MB : On espère que ça sera ouvert en 2022 parce que ce projet, comme il est très attendu par les bordelais, on va pouvoir bénéficier d’un accélérateur.

 

K : Maurice Bansay, PDG fondateur d’Apsys, merci beaucoup d’avoir été avec nous.